#Comprendre la finance (islamique)

Quelle est la différence entre la finance islamique et la finance conventionnelle ?

On oppose souvent la finance islamique à la finance conventionnelle mais sont-elles vraiment opposées ? Découvrez la réponse dans ce nouvel article de blog.

Quelle est la différence entre la finance islamique et la finance conventionnelle ?

La finance islamique, qui repose sur les principes de la Charia, fait en réalité partie d’un écosystème bien plus large : celui de l’économie islamique.

La finance joue un rôle important dans un système économique, qu’elle soit conventionnelle ou non.

Pour comprendre la place de la finance dans l’économie, il faut revenir sur le fonctionnement de notre économie et surtout, la différence entre une économie islamique et une économie conventionnelle.

L’économie conventionnelle de nos jours

Le système économique dominant dans le monde est, en grande partie, un système basé sur le capitalisme. L’économie dépend surtout du secteur privé et l’État joue un rôle plus ou moins important selon les pays.

Les états, toujours plus endettés, ont vendu petit à petit leurs usines (production électricité etc.) et privatisé certains services publics qui relevaient de l’État (transports etc.).

L’objectif d’une économie capitaliste est la recherche du profit des entreprises privées, la stimulation de la consommation et une croissance économique toujours plus grande pour soutenir la production. On assiste finalement à une domination des entreprises privées sur les économies de certains pays.

C’est notamment le cas avec les grandes entreprises technologiques appelées GAFAM ou MAMAA représentées par Microsoft, Amazon, Meta (Facebook), Apple et Alphabet (Google). Ces cinq méga-entreprises pèsent plus de 10 000 milliards de dollars de capitalisation, soit plus que le PIB du Japon et de l’Allemagne réunis.

Ces entreprises font partie d’une nouvelle économie, celle de l’économie numérique où les états ne font pas le poids.

C’est une économie à l’échelle mondiale où ces grandes entreprises, à grand renfort d’optimisation fiscale, ont échappé pendant plusieurs années à la fiscalité, c’était le cas pour la France avant la mise en place de la « taxe GAFA » en 2019. Elles ne contribuent donc que très rarement à la richesse des pays dans lesquels elles opèrent.

La finance conventionnelle est au service de cette économie qui recherche le profit avant tout. La forme la plus visible de cette finance est la banque commerciale qui est là avant tout pour gagner de l’argent avec l’aide d’un système basé surtout sur le riba(usure).

Cette finance ne prend que très rarement en compte l’intérêt général ou le bien-être des populations, contrairement à la finance islamique dont les principes rejoignent celles de l’économie islamique.

Une économie islamique au service du musulman

L’économie islamique s’inspire des textes sacrés comme le Coran ou la Sunnah et vise une économie régie par l’éthique et la morale. Allah a la propriété absolue, il a confié le monde à l’homme qui a la responsabilité de gérer les richesses de ce monde selon ses commandements. Cette gestion est une amanah (un dépôt) sur laquelle il sera interrogé le jour du jugement.

L’homme est un gestionnaire sur Terre, le verset 30 de la sourate Al-Baqarah nous rappelle que Allah a établi sur la terre un vicaire.

« Lorsque Ton Seigneur confia aux Anges : "Je vais établir sur la terre un vicaire "Khalifa". Ils dirent : "Vas-Tu y désigner un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier ?" - Il dit : "En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas !". »

Cette économie va reprendre les principes fondamentaux de la religion musulmane :

  • l’interdiction du riba(usure) qu’on retrouve dans plusieurs sourates du Coran, contrairement à l’économie conventionnelle qui se base sur la dette ;
  • le paiement de Zakat al Maal qui est un impôt communautaire obligatoire qui permet une redistribution de la richesse pour plus d’équité ;
  • l’interdiction de la thésaurisation qui consiste à accumuler de l’argent ou des biens de valeur sans avoir l’intention de les dépenser, les investir, les faire circuler dans l’économie réelle et sans payer la Zakat dessus ;
  • l’interdiction de spéculer sur la monnaie ou ses équivalents, la monnaie doit rester un moyen d’échange ;
  • l’interdiction des jeux de hasard pour éviter les troubles ou l’injustice entre les personnes ;
  • l’interdiction du gharar pour éviter le flou ou la tromperie lors d’une transaction ;
  • l’interdiction de vendre des produits illicites ou d’avoir des activités illicites ;
  • la protection de l’environnement et la préservation des ressources naturelles etc.

La finance qui repose sur l’économie islamique va appliquer ces principes dans les produits ou les services qu’elle va proposer.

La banque islamique, contrairement à une banque conventionnelle, propose des prêts sans intérêts « Qadr Hassan » car le prêt est avant tout une aumône dans la religion musulmane. Elle offre également des financements pour les entreprises avec des contrats participatifs comme la moudaraba ou la mousharaka dans lesquels elle partage le risque avec le client.

De plus, il lui est possible d’investir l’argent déposé par ses clients dans des produits « sharia-compliant », ce qui évite de financer des activités dans les secteurs qui peuvent être illicites comme le pratique les banques conventionnelles aujourd’hui. Pensez à ouvrir votre compte chez Mizen !

La justice sociale est également très présente dans l’économie islamique avec la redistribution de Zakat al Maal mais également la mise en place de waqf, un bien qui est rétrocédé à Allah par son propriétaire et qui permet à des bénéficiaires de toucher les bénéfices de l’activité du waqf.

L’économie islamique est une économie qui vise l’éthique dans les affaires, la préservation des richesses et de l’environnement, la justice sociale et surtout l’agrément d’Allah.

Une finance plus juste et plus équitable

La finance islamique n’est donc que le reflet de l’économie islamique dont elle respecte les principes afin d’assurer la cohérence d’un système économique basé sur les textes sacrés de la religion.

C’est la forme la plus visible de l’économie islamique. Cette finance n’est pas une finance de charité, elle se doit également d’être performante tout comme la finance conventionnelle.

On connaît la finance islamique surtout à travers la banque islamique, elle recherche la performance et le profit mais joue également le rôle de partenaire des entreprises. Elle facilite le prêt sans intérêt pour leurs clients et propose aussi des opérations commerciales d’achat et de revente avec des facilités de paiement via la mourabaha.

Une finance vient toujours apporter une solution à une demande de liquidité d’un client, le résultat est le même, c’est le moyen d’y parvenir qui va faire la différence entre la finance islamique et la finance conventionnelle.