La finance islamique incite-t-elle au boycott ? Découvrez la réponse dans ce nouvel article de blog.
Le sujet du boycott est de plus en plus présent dans notre quotidien. Cette action qui consiste à refuser d’acheter ou de consommer des produits ou des services est un levier important que les populations utilisent pour exprimer leur mécontentement, protester contre une injustice ou atteindre des objectifs particuliers.
Le comportement d’achat du musulman est fortement influencé par sa religion, ce qui va de facto restreindre les produits ou services qu’il peut consommer.
En matière de commerce, il existe des règles à respecter pour acheter ou vendre tout en respectant l’éthique religieuse musulmane. On ne va pas toutes les détailler aujourd’hui, mais certaines règles sont à souligner comme :
Les règles en matière de transactions commerciales reposent sur les principes de la Charia tout comme les principes de la finance islamique.
Si on y regarde de plus près, la finance islamique repose sur des interdits comme celui de l'intérêt (riba), de la spéculation (maysir) et de l’aléa contractuel (gharar). Ces interdits vont donc influencer notre consommation de produits financiers, ce qui va finalement nous amener à éviter les produits financiers qui ne seraient pas « Sharia-compliant » ou compatibles Charia. La pratique de l’intérêt(riba) étant tellement répandue dans nos sociétés, est-ce que l’application stricte des principes de la finance islamique ne s’apparente finalement pas à du boycott ?
Le manque d’offre de produits financiers « sharia-compliant » laisse le consommateur musulman devant un choix très restreint en matière de produit financier, à commencer par sa banque.
Chez Mizen, nous avons lancé le premier compte courant halal en 2022 pour que tous les musulmans de France puissent bénéficier de comptes et de moyens de paiement conformes à leur religion.
Nous pensons que les pratiques bancaires doivent être plus éthiques, c’est-à-dire que les fonds ne doivent pas servir à financer des activités illicites ou servir pour des prêts avec intérêts (riba), comme c’est le cas dans banque traditionnelle.
Les fonds présents sur les comptes des clients chez Mizen sont uniquement la propriété des clients. Ils ne sont ni utilisés pour financer des entreprises de secteurs illicites comme l’industrie du porc, de l’alcool ou de l’armement, ni utilisés pour octroyer des prêts avec intérêts (riba) à d’autres clients ou entreprises.
Le fait d’avoir un compte dans une banque islamique ou une institution financière comme Mizen contribue à éviter de recourir à un compte courant dans le secteur financier conventionnel. Cela revient finalement à boycotter ces types de compte. Ce boycott, qui repose sur des principes religieux comme l’interdiction de l’intérêt (riba), pourrait avoir comme but de faire prendre conscience au secteur de la finance conventionnelle de la nocivité du recours à l’intérêt et de la nécessité de proposer une finance alternative.
Si quelques musulmans ferment leurs comptes et livrets d’épargne en prétextant que l’intérêt est contraire à leurs convictions religieuses, il y a peu de chance que les dirigeants de ces banques proposent une alternative à cette clientèle.
En revanche, si nous sommes beaucoup plus nombreux à appeler notamment au boycott de ces livrets ou comptes de dépôts, ces institutions financières pourraient prendre plus au sérieux la demande des consommateurs musulmans à disposer de produits financiers en ligne avec leurs convictions. Même si on pense chez Mizen que ce n’est pas demain la veille qu’on trouvera une banque qui propose des services islamiques en France. (Lire l’article : Pourquoi il n’y a pas de banque islamique en France ?)
Le boycott se fait ici dans un but précis : lutter, entre autres, contre le système de l’intérêt usuraire et inciter à un système financier plus accord avec la religion musulmane, notamment en ouvrant un compte chez Mizen !
La raison du boycott peut donc avoir une source religieuse mais aussi politique, judiciaire mais aussi protectionniste.
Par le passé, les consommateurs de pays musulmans ont été appelés à boycotter des produits en provenance de certains pays pour des raisons religieuses :
L’actualité a remis sur le devant de la scène la campagne de boycott sur les produits en lien avec l’économie israélienne. L’organisme Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS), créé en 2005, est le plus emblématique sur la question du boycott à l’encontre des produits en provenance des territoires occupés.
Selon sa charte le boycott « constitue un outil de pression sur nos gouvernements pour qu’ils appliquent des sanctions et un levier sur le gouvernement israélien, qui servira à imposer la seule issue pour cette région : l’application du droit international et le respect des droits des Palestiniens. » Toujours selon leur charte, ils définissent leur action comme « éthique, citoyenne et politique ».
Les actions menées par BDS prennent plusieurs formes mais surtout le refus d’acheter ou de consommer les produits et services et les services de l’économie israélienne. Ces actions sont régulièrement relayées sur les réseaux sociaux ainsi que leurs résultats. Dernièrement une célèbre marque d’équipementier sportif a annoncé la fin de son parrainage en 2024 avec l’équipe nationale de football d’Israël.
Il arrive également que les musulmans boycottent tous les produits venant de l’étranger dans le but de favoriser leur économie nationale. Ils estiment que les produits étrangers vont nuire à l’économie de leur pays et vont appeler à une préférence nationale, qui induit donc le boycott de tous produits venant de l’étranger (chinois, américains, français etc.).
Finalement, il ne tient qu’à nous de décider si on veut que notre acte d’achat fasse changer les choses.
Bien sûr, on peut toujours signer des pétitions concernant les atrocités commises à l’encontre des Ouighours, manifester publiquement notre mécontentement et militer pour faire cesser le génocide à Gaza, toutes ces actions n’auront jamais le même effet qu’une sanction économique qu’on peut infliger à une marque ou à un pays en boycottant ses produits.
Nos décisions d’achat ont un poids considérable, parfois même plus important que celui d’un bulletin de vote! Dans un monde où le pouvoir de l’argent domine les démocraties, les pouvoirs politiques et même les décisions d’organismes comme l’ONU, il est primordial, et même vital, de se servir du pouvoir de notre argent dans notre consommation quotidienne pour exprimer notre voix.
On dit souvent que “quand l’argent parle la vérité se tait”, traduisant cette triste réalité que l’argent peut tout acheter, à nous de contrer cette injustice en utilisant notre argent à bon escient.